Le
3 février dernier le réacteur N°2 du Tricastin a connu un accident aux
conséquences potentiellement
très graves comme le souligne à très juste titre la CRIIRAD. Un des 157 assemblages de quelque
750 kg et de plusieurs millions de Curie, qui aurait dû rester dans la cuve
comme les autres, a été emporté avec le couvercle de plus de 66 tonnes durant
les opérations de maintenance. Incorporé au couvercle, son système de blocage supérieur
dans la cuve ne s’est pas déverrouillé et il est resté accroché au couvercle.
Il
est à l’heure actuelle sous 9 mètres d’eau sans que l’on sache s’il a été
partiellement ou intégralement retiré de son logement. Retirer sous l’eau un
assemblage requiert une manipulation experte et un outillage adéquat car il doit
être soulevé de manière parfaitement verticale tant le logement qui l’accueille
est étroit. Tout balancement horizontal au moment de l’extraction risque de
coincer si non de rompre ce parallélépipède
rectangle de plus de 4 mètres de long qu’est un assemblage. En deux mots,
sans compter le risque d’un déverrouillage impromptu qui le précipiterait
sur le cœur, le couvercle n’est pas le treuil approprié pour extraire un
assemblage.
Le
fait est que plus de 66 tonnes en attente d’être calées sont suspendues au-dessus
du réacteur ouvert, que plusieurs semaines inquiètes seront nécessaires avant
de venir à bout de cet accident et que c’est là la troisième fois que ce type d’anomalie
survient au Tricastin. L’AIPRI salue de tout cœur les agents qui maintenant s’efforcent de désamorcer ce potentiel désastre.
*****
Radioactivité
effective et radiotoxicité potentielle
de l’assemblage suspendu au Tricastin qui sera ici considéré composé d’UOX et émettant
1/157ème de la radioactivité des 157 assemblages de ce réacteur de
915 MWé.
Estimations
à deux dates différentes de l’arrêt. (NB.
Si l’assemblage s’avérait au MOX la radiotoxicité potentielle serait là nettement plus élevée en raison de la
quantité bien supérieure de plutonium et de ses dérivés d’activation, tous très
fortement radiotoxiques.)
10 jours après l’arrêt l'activité radiologique initiale est divisée par 11 et
s'élève à 8,5 millions de Curie soit 314 millions de milliards de Becquerel. La
radiotoxicité par inhalation n'a cependant été elle divisée que par 1,09 et
représente, selon les facteurs de dose de l'ICRP, encore un potentiel maximal de 16,6 milliards de
Sievert pendant que la radiotoxicité par ingestion a été divisée par 2,7 et a
encore un potentiel de 697 millions
de Sievert.
20
jours après l’arrêt l'activité radiologique initiale est divisée par 14,6 et
s'élève à 6,4 millions de Curie soit 237 millions de milliards de Becquerel. La
radiotoxicité par inhalation n'a cependant été elle divisée que par 1,12 et
représente encore un potentiel maximal
de 16,2 milliards de Sievert pendant que la radiotoxicité par ingestion a été
divisée par 3,6 et a encore un potentiel
de 521,1 millions de Sievert. (NB. A 20 jours, uraniums et trans-uraniums comptent
pour seulement 1,2 % de la radioactivité résiduelle mais comptent par contre
pour 84% de la radiotoxicité potentielle
par inhalation, si l’on en croit l’ICRP.)
Estimations
pour les seuls gaz.
Les
gaz sont de par leur nature volatile toujours les premiers immanquables
candidats à l’évasion, accident ou pas. A deux dates différentes de l’arrêt,
voici leur radioactivité probable dans cet assemblage suspendu et la
radiotoxicité potentielle qui leur
est associée selon les paramètres officiels de l’ICRP de conversion des
Becquerel de chacun en dose.
10
jours après l’arrêt l'activité radiologique initiale des gaz a été divisée par
29,3 et s'élève à 530,7 mille Curie soit 20 millions de milliards de Becquerel.
Leur radiotoxicité potentielle
rémanente par inhalation est de 53,1 millions de Sievert et par ingestion de
154,2 millions de Sievert.
20
jours après l’arrêt l'activité radiologique initiale des gaz a été divisée par
95,7 et s'élève à 162,64 mille Curie soit 6 millions de milliards de Becquerel.
Leur radiotoxicité potentielle rémanente
par inhalation est de 22,1 millions de Sievert et par ingestion de 64,7 millions
de Sievert.
*****
Activité
totale du cœur atomique
Un
réacteur atomique de 915 MWé engendre une radioactivité d'environ 14,66
milliards de Curie (5,42E20 Bq) qui représente selon l'ICRP un potentiel radiotoxique par inhalation
de 2,84 mille milliards de Sievert et une radiotoxicité potentielle par ingestion de 292,80
milliards de Sievert. (Diviser les Sievert par 5 pour convertir en doses létales
aigües potentielles, « à la Litvinenko » pour s'entendre.)
Note du 18 février. Le décrochage s'est déroulé sans encombre et l'assemblage semble intègre. TRICASTIN Huit heures pour décrocher le combustible à la centrale nucléaire
Toutefois de dangereuses fuites radioactives dans l'environnement ont été détectées sur place. Tout n'est à l'évidence pas allé pour le mieux du monde.
Note du 18 février. Le décrochage s'est déroulé sans encombre et l'assemblage semble intègre. TRICASTIN Huit heures pour décrocher le combustible à la centrale nucléaire
Toutefois de dangereuses fuites radioactives dans l'environnement ont été détectées sur place. Tout n'est à l'évidence pas allé pour le mieux du monde.
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