3 semaines sont passées depuis l’explosion à caractère nucléaire qui est survenue dans une base d’essais de la marine militaire du nord de la Russie. Des questions atomiques inquiétantes s’accumulent dans le silence injustifiable autant des instances nationales russes qu’internationales qui ont pourtant, elles aussi, accompli depuis de très nombreuses analyses radiologiques des aérosols sans toutefois non plus faire part des résultats. On ignore encore si l’explosion a démembré une batterie atomique « standard » fonctionnant à la décroissance radioactive d’un seul radioélément bêta (Cs137, Sr90, Ru106) ou alpha (Pu238) ou bien disloqué un considérablement plus radiotoxique « réacteur atomique miniaturisé » fonctionnant à la fission du Pu239 et à la décroissance féroce des plus de 800 produits de fissions créés là. L’humanité démocratique ne semble au demeurant pas tenue de savoir ce qu’elle respire depuis ce jour fatidique.
I : Et que ça saute.
Le 8 août dernier un missile militaire russe à carburant liquide a explosé sur une plate-forme maritime du centre de recherche militaro-industriel nucléaire de Sarov. L’énorme explosion (non filmée et que les américains avancent maintenant survenue lors de la récupération d'un missile Burevestnik échoué en mer) s’est produite à 9 h du matin heure locale, d’après les autorités, durant « les essais d'alimentation en radio-isotopes » du supposé dispositif thermoélectrique atomique (RTG) qui fait là office de « chauffe-eau électrique d’appoint » servant à maintenir le combustible liquide à une propice température constante de 21 °C.[1] La détonation a tué au moins 7 personnes dont 5 ingénieurs atomiques en charge des opérations. S’il s’agissait d’une batterie au Césium 137 ou au Strontium 90, une radioactivité d’au moins une dizaine de milliers de Curie a dû être libérée dans l’environnement aérien et marin sous forme de poussières fines.
Des équipes NBC ont été dépêchées sur place et des blessés ont été transportés nus dans des sacs plastiques transparents vers les hôpitaux. La ville de Severodvinsk située à 30 km du point d’explosion connaissait vers 10h30 un pic radioactif jusqu’à 20 fois supérieur au bruit de fond. Un ordre d’évacuation de sa population a même été émané avant d’être rapidement levé. Le nuage toxique s’est propagé durant les 8 premiers jours d’abord à l’est jusqu’à la Sibérie avant, cela va sans dire, de répandre ses restes suspendus partout dans l’hémisphère nord.
II : L’hypothèse d’un RTG.
Bien
qu’avec proverbial retard, les autorités russes ont reconnu la pollution
nucléaire provoquée par l’explosion du missile militaire contenant « une
batterie atomique » tout en la qualifiant d’office de
« passagère »[2].
Elles se sont également empressées de bâillonner la transmission publique des
données radiologiques de leurs balises de détection à mode quelque peu
paradoxal de preuve empirique du caractère éphémère de la radioactivité
relâchée. Rien n’a non plus bien sûr été dévoilé ni du dispositif nucléaire
utilisé –RTG « de décroissance » ou mini-réacteur volant « de
fission »– ni de la nature du ou des radioéléments
concernés. Tout ceci est sous le sceau du secret militaire. Il en va toujours ainsi
partout lors de ces « accidents » atomiques. Venant de leur part, le
contraire serait suspect.
Quoi
que disent les apaisantes propagandes d’état, le péril représenté par la
dispersion pulvérulente même d’un modique RTG au Césium 137 « modérément
radiotoxique » de 4 Watt est hélas indéniable. Un tel RTG suppose en effet
une source de Cs137 de 130,7 gr émettant 419,6 TBq -11,34 KCi-[3].
Or une telle activité concentre un équivalent de dose ICRP par inhalation de
16,36 millions de Sievert -3,27 millions de doses létales- et de 5,45 millions
de Sievert -1,09 millions de doses létales- par ingestion. Une retombée
homogène « parfaite » de ces 130,68 gr à un taux de 15,0 Ci/km2
-172,85 milligrammes km2- engendrerait en outre une zone interdite
de 756 km2 tenant dans un cercle de 16 km de rayon grand comme Paris
et banlieue.
Un
tel potentiel de 3,2 millions de morts « à la Litvinenko » ou de 756
km2 de zone interdite concentré en 130 grammes de matière n’est pas
le fait d’un poison de pacotille. Et ce n’est pas le plutonium 238 dont on gave
les satellites qui rassurera non plus. Pour ces mêmes 4 Watt
« effectifs » celui-ci descend à 100 grammes de matière, chute à 1720
Curie mais, émetteur alpha, grimpe vertigineusement à un équivalent de dose par
inhalation de 7,01 milliards de Sievert -1,4 milliards de doses létales- et par
ingestion de 14,67 millions de Sievert -2,93 millions de doses létales-. Une
retombée homogène de ces 100,16 gr de Pu238 à un taux de 0,1 Ci/km2
-5,81 milligrammes km2- engendrerait quant à elle une zone interdite
plus grande que l’Ile-de-France tenant dans un cercle de 74 km de rayon et
couvrant 17,2 mille km2.
III:
L’hypothèse d’un mini réacteur.
Il
n’est pas non plus illégitime de se demander si ce n’est pas un véritable petit
réacteur atomique qui s‘est là volatilisé. En tous cas depuis que le service météo Russe a
récemment déclaré avoir détecté dans l’air suite à l’explosion Sr91,
Ba139, Ba140 et La140, 4 éléments de fission de
très courte période nécessairement issus d’une réaction en chaine divergente ou
contrôlée. Si véridique, cette détection de 4 produits de fission labiles
interroge. Ce sont en effet là trop d’éléments de fissions et bien trop
« courts » pour un RTG « à décroissance » qui se
suffit d’un élément de période « longue » comme le Cs137
ou le Pu238. Cela ouvre la porte au réacteur.
Mais en même temps force est aussi de reconnaitre que ce bilan radiologique non
chiffré est pour l’instant trop lacunaire pour permettre de trancher. Car il
est inexplicablement aussi dépourvu de mention d’éléments bien plus communs et
bien plus persistants tels que l’iode 131[4], le xénon 133, le césium 137 et le
strontium 90, toujours concomitants en cas d’accident de réacteur ou
d’explosion atomique. Seulement leur détection permettrait de corroborer cette
hypothèse du réacteur. Que le service
météo les taise invite à la circonspection et à la quête de données
complémentaires décisives.
IV: Au plutonium 239 ?
Ces données supplémentaires ne sont pas seulement
nécessaires, elles sont aussi pressantes depuis qu’un article russe a affirmé
qu’un mini réacteur
« volant » avec 70 kg de plutonium 239 aurait là explosé. Nous ne
pouvons que souhaiter qu’il n’en soit pas du tout ainsi et réclamer
d’indispensables preuves objectives. Au-devant de telles allégations,
n’eussent-elles aucun crédit, on ne peut que s’activer à démontrer,
observations à la main, qu’il n’en est pas ainsi. Le devoir de la
radioprotection est également de vérifier par l’observation de terrain que les
fausses alarmes sont bien telles. S’agissant de l’un des radiotoxiques les plus
dangereux fabriqué par les atomistes, ici pulvérisé par kilos, ce serait
catastrophique sur le plan de la contamination interne des végétaux, des
animaux et des hommes. Nous le payerions ici-bas tous très cher en santé et nos
jeunes les premiers. Le plutonium en nanoparticules respirables c’est pas du chocolat. Ses intenses ravages ionisants, il les commet dans un
microcosme histologique de 50 micromètres de rayon et de peu de cellules
vivantes. Ses très énergétiques particules alpha freinent brutalement dans ces
ténus tissus cellulaires qu’elle blesse à répétition à niveau moléculaire. Et
c’est justement là dans cet infiniment petit moléculaire inlassablement agressé
qui échappe à l’observation directe que se déclenchent en silence les maladies
et les tourments de l’ADN.
V: Aux négationnistes, bienvenue.
Seulement
les fous à lier se troubleraient-ils donc que des bombes sales volantes
puissent s’adonner à notre insu à de désastreux épandages radioactifs dans les
airs, sur les terres et en mer avant même que la guerre atomique qui contaminera tout à jamais ne commence ? Au moins sur
ce point aurons-nous bientôt droit de nous voir rassurés vraiment ? Avec
des données radiologiques poussées et fiables sur l’état de l’air qui fait
suite à cette énigmatique catastrophe nucléaire dont on est loin de connaitre l’échelle. Cet air nous tous le respirons ici et maintenant, négationnistes
compris.
Qu’ils soient ici les bienvenus dans leur monde.
[1] Les propergols des bombes atomiques volantes
souffrent le froid atmosphérique et perdent en puissance propulsive. Un RTG
évite que celles-ci aient un inconvenant retard dans l’accomplissement de leur
mission de mort de masse et de contamination éternelle.
[2] Faute de ne plus vraiment pouvoir tout
censurer, la dernière mode internationale est de dire la radioactivité
momentanée et éternellement inoffensive.
[3] Le rendement maximum du système thermocouple
qui convertit la chaleur produite par la radioactivité en électricité est de 7%
et réclame une charge radioactive 1/7% = 14,3 fois supérieure à la charge
théorique minimale. Pour une source de
Cs137 de 4 Watt cette charge minimale est de 4 Watt/0,437 Watt/gr =
9,15 gr. Un RTG de 4 Watt « effectifs » suppose dès lors une source
de Cs137 de 9,147 gr * 14,3 = 130,68 gr émettant 419,6 TBq -11,34 KCi-.
[4] Dans le cas le cas d’un carburant réacteur Sr91 et I131 ont un écart d’activité très faible et un ratio de 1,317 à to et, passé 4 heures, le I131 prend le dessus. Il
n’y a là aucune raison de ne pas trouver de I131 si l’on trouve
du Sr91. Dans le cas d’un épisode de criticité plutonigène (ou
d’une bombe) l’écart est 13,115 à to (calcul d’activité par rendement de fission
cumulatif), mais cet écart n'est pas suffisant à empêcher la détection du I131
d’autant plus qu'il se renverse en seulement 38 heures. Du reste les
analyses n’ont pas été certainement pas réalisées à to. Ratio Sr91/I131 après 38 heures de décroissance:
13,115 * Exp(1,3680E5*-(2,00E-5 λ1 - 1,00E-6 λ2)) = 0,975.
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