Notre noble et chaleureux ami Massimo Bonfatti, fondateur et président de l'association anti-nucléaire «Mondo in Cammino», s’est éteint. Son coeur affaibli, par le césium respiré ici sous retombées et là-bas sous re-suspensions nous lança-t-il un jour, l’a abandonné ce 1 septembre 2020 alors qu'il se trouvait en Sardaigne pour une courte vacance avec sa famille avant de repartir en Biélorussie aux alentours de Chernobyl, « For children, for the future. Per un mondo nuke free e di pace». Fondée sous ses auspices en 1998 avec le nom de «Progetto Humus» pour porter une aide agro-alimentaire qui garantisse une nourriture saine aux villageois laissés pour compte des territoires « ex soviétiques » contaminés suite à la catastrophe de Tchernobyl, son association solidaire a peu à peu étendu son camp d’action à la didactique de la radioprotection, au social, à l’instruction, à la santé et au respect des droits de l’homme.
Massimo Bonfatti est né en l’année atomique 1953 où 723
kt de radiotoxiques réduits en poussières fines respirables furent éparpillés
dans l’atmosphère par 18 bombes atomiques. Originaire de l’Emilie, il résidait depuis
longtemps à Carmagnola
dans le Piémont où il avait fonction d’infirmier en chef à l'hôpital San
Lorenzo jusqu’à sa toute récente retraite. Engagé dans le volontariat dès son plus jeune
âge, adulte il s’est concentré sur les conséquences des retombées radioactives de
Tchernobyl jusqu’à devenir une voix de la société civile en la matière et faire
de son site une référence documentaire unique en Italie. En 15 ans d’incessante
activité, conscient du défi pour sa propre santé mais fort de son indéfectible
conviction humaniste et de sa connaissance du russe et de l’ukrainien, il a
effectué de très nombreuses missions d’assistance dans les zones passablement contaminées
d’Ukraine et de Biélorussie constatant chaque fois de visu la douloureuse ampleur
de ce désastre sanitaire sans fin laissé en héritage par les retombées radiotoxiques
de 1986 que l’on s’empresse depuis de nier à tout prix. Il a en outre mis en
oeuvre des projets intercommunautaires dans un Caucase déchiré par les conflits
interethniques ce qui lui a récemment valu avec son équipe de paix d’injustifiables
menaces de mort au Donbass.
Personnalité internationale de la société civile engagée tant sur le plan
atomique que des droits de l’homme, Massimo Bonfatti avait tissé une amitié personnelle avec Yuri Bandazhevsky, Vera Politkovskaya, Akhmed Gisaev (militant tchétchène des
droits de l’homme victime de la torture), Shakhman Akbulatov (directeur du Mémorial
Grozny, exhilé en France), Arkadi Babchenko (écrivain), Dmitri Florin (journaliste
russe exhilé en Finlande), Ella Keseva
(association des victimes de Beslan), Svetlana Gannuskina (présidente de l’association
de Grosny « Sauvons notre génération » assassinée en 2009).
Massimo
Bonfatti n’est plus. Mais sur la voie qu’il a contribué à tracer d’autres
cheminent déjà et d’autres chemineront encore remplis de sa débordante humanité.
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