samedi 12 novembre 2016

Bagdad




Des « frappes chirurgicales » aux aérosols radiotoxiques sans frontières.

  La ville de Bagdad s'étend sur 2688 km2 et compte plus de 5 millions d'habitants. Au cours de la seconde guerre du Golfe cette métropole a souffert le bombardement de 2453 tonnes d'uranium appauvri rien qu'avec la campagne aérienne et qui sait le double avec campagne terrestre. (Cf Fechino J-F., Bilan de mission, Organisation des Nations Unies, 2004.)  En moyenne la ville a ainsi subi avec ces seules attaques aériennes 912,6 kg d'UA par km2 (0,912 gr/m2) et 490,6 gr d'UA par habitant dont 294,36 gr respirables diffusés en aérosols. Au cours des « frappes chirurgicales » 1472 tonnes d'uranium appauvri (60% de l’inventaire) à un taux local de 294,36 gr de particules fines métalliques respirables par habitant ont en effet été là réduites en aérosols radioactifs ubiquitaires et sans frontières.  

  Car si les frappes sont chirurgicales l'empoisonnement radiologique de l'air qui s'en suit avec la combustion irrémédiable des pénétrateurs à l'uranium est lui mondial.  On ne peut en effet impunément disperser en 11 jours dans les airs 10 fois plus d'atomes radioactifs alpha que les essais atomiques atmosphériques de fission ne l'ont fait en 40 ans sans, au gré des vents mauvais, entrainer de contamination générale de l'atmosphère planétaire. (1472 tonnes/5E6 hab. = 294,4 gr/hab. de Bagdad. 1472 tonnes/7E9 hab. = 210 mg/hab. du monde.)

  L'activité de l'UA de retraitement employé dans cette bataille de Bagdad étant -tous les radioéléments co-présents compris- de 38,98 GBq/t (1,05 Ci/t), l'atmosphère basse de la ville (3,1415 * 302 km * 0,3 km = 848,23 km3) a pâti le transit volumique moyen et optimiste de 1472 tonnes/848,23 km3 = 1,735 t/km3 soit 1,74E-3 gr/m3 soit 67,64 Bq/m3 (1,83 nCi/m3).

Contamination atmosphérique locale durant la période des combats.

  Distribuée de façon homogène dans un volume transitoire hypothétique de 8,48E11 m3 (un cylindre de 30 km de rayon par 0,3 km de haut), la combustion horaire moyenne de 5,58 t d'UA a répandu 6,57 µgr de métaux lourds radioactifs par mètre cube d'air fragmentés en 7,89E12 invisibles particules fines/m3 avec une activité de 0,256 Bq/m3. Chaque gramme d’uranium qui « brûle » à l’impact se fragmente en effet en environ 1,3 milliard de milliards de particules fines (1,3E18) qui se disséminent en grand nombre dans l’atmosphère planétaire dont un peu plus de 77 milliards (0,000006%) ont ici un diamètre situé entre 0,5 et 2,5 micromètres. (513 mille particules entre ces 2 dimensions par m3 d'air durant les bombardements.)

  En 24 heures un adulte de la capitale irakienne dans une telle ambiance insalubre a fatalement inhalé 145,91 µgr de métaux lourds. En 11 jours de bombardements il en a absorbé 1,61 mgr (62,57 Bq) fragmenté en environ 2 millions de milliards de particules fines de métaux lourds toxiques ne serait-ce que du point de vue chimique, plus de 120 millions desquelles ont un diamètre radioactif critique probable situé entre 0,5 micron (2,51E7 atomes, 3,88E-10 Bq) et 2,5 micron -taille maximale qui franchit la barrière pulmonaire et passe sans obstacles dans le circuit sanguin- (4,41E9 atomes, 6,81E-8 Bq).

  Entre ces deux dimensions, ces particules d’uranium et consorts sont suffisamment actives pour former à elles seules des points chauds dans les tissus cellulaires sans même avoir à attendre de coagulation à d’autres. Aux points chauds, les émissions radioactives alpha très énergétiques qu’elles engendrent tronçonnent de manière chronique l’Adn des cellules et stimulent par là les réparations mutantes fautives source notamment de cancer. La surmultiplication d’infimes points chauds dans l’organisme jointe à l’infernale longévité de ces agents radiotoxiques approche dangereusement la probabilité qu’une pathologie physiologique ou génétique surgisse de la certitude. Et ce d’autant plus que tous respirons non seulement bien d’autres bombardements « appauvris » mais également encore les « essais ».

Les armes à l’uranium sont des armes de dispersion massive de poisons inhalables de taille infime qui ont le monde pour champ de bataille. Armes sans trêve radiologique ni contrainte spatiale et temporelle, ce sont des crimes multi-millénaires contre l’humanité. Pauvre Bagdad, pauvres soldats, pauvre monde.

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1472 t d'uranium appauvri issu de la filière du retraitement présentent une activité radioactive totale de 57,38 TBq (5,738E13 Bq, 1550,71 Ci), 3,14 fois supérieure à l'activité de l'U238 et à 35,9% relevant de 8 radioéléments α et à 64,1% de 3 radioéléments β-.

Cette masse contient en moyenne 18,26 TBq de U238 (α, 1468,85 t et 3,72E30 atomes), 18,26 TBq de Th234 (β-, 21,32 mgr et 5,49E19 atomes), 18,26 TBq de Pa234 (β-, 718,69 ngr et 1,85E15 atomes), 2,03 TBq de U234 (α, 8,83 kg et 2,27E25 atomes), 231,88 GBq de U235 (α, 2,90 t et 7,43E27 atomes), 231,88 GBq de Th231 (β-, 11,75 µgr et 3,06E16 atomes), 95,18 GBq de U236 (α, 39,74 kg et 1,01E26 atomes), 2,88 MBq de Np237 (α, 110,39 mgr et 2,80E20 atomes), 2,88 MBq de Pa233 (α, 3,75 ngr et 9,69E12 atomes), 15,02 MBq de Pu239 (α, 6,62 mgr et 1,67E19 atomes), 15,02 MBq de Pu240 (α, 1,73 mgr et 4,35E18 atomes). La dose par inhalation correspondante à cette radioactivité composite va de 10,49 MSv selon les facteurs de dose les plus bas de l’ICRP à 168,13 MSv, 16 fois plus, selon les facteurs de dose les plus hauts.

Ce potentiel radiotoxique par inhalation qui s'élève au plus à 168,13 MSv d'après l'ICRP se hisse par contre à 61,22 ESv selon le calcul de proximité qui considère cette radiotoxicité 364 milliards de fois plus nocive qu'elle ne l'apparait dans les faux calculs de dose officiels.


Sources
André M-E., Plutonium, poumons et effets de proximité, in Etudes et Expansion,  N°276, Liège, Belgique, 1978. Voir également http://users.skynet.be/mauriceandre/ sous le titre Uranium et Plutonium c’est pas du chocolat. 

Del Tredici,  “Hot” or radioactive particle in lung tissue, in  Burdens of Proof, Connor T., Energy Research Foundation, USA, 1997. http://www.mindfully.org/Nucs/Hot-Particle-Lung-Tissue1997.htm
Fechino J-F., Bilan de mission, Consultant en pollutions diffuses par uranium appauvri. Expert auprès de l'Organisation des Nations Unies, 2004.
Glissmeyer J.A., Mishima J., Characterisation of airborne uranium from test firing of XM774 ammunition, Pacific Northwest Laboratory, Richland, Washington 99352, US Army Document PNL-2944, USA, 1979. http://www.mindfully.org/Nucs/Airborne-Uranium-Glissmeyer1nov79.htm
Glissmeyer J.A., Mishima J., Prototype Firing Range Air Cleaning System, Proceedings of the 18th DOE Nuclear Airborne Waste Management and Air Cleaning, Bamberger JA Conference, Baltimore Maryland 12-16 Aug 1984. Ed- First, Melvin CONF 840806, USA, 1985.  http://www.mindfully.org/Nucs/Firing-Range-Air-Cleaning1mar85.htm
Nato handbook on the medical aspects of NBC defensive operations AmedP 6(B), Departments of the army, the navy, and the air force, Washington, D.C., USA, 1996. http://www.fas.org/nuke/guide/usa/doctrine/dod/fm8-9/1ch5.htm

Moseley T.M, Lt. General USAF, Operation Iraqi Freedom by the number. Assessment and analysis division, Unclassified. USCENTAF, USA, 2003. http://www.globalsecurity.org/military/library/report/2003/uscentaf_oif_report_30apr2003.pdf
Rokke D., Le Major  Doug Rokke  (Pilote de l’US AIR FORCE) expose les dangers très graves de l’uranium appauvri dans les armes, Belgique, 2003.  http://users.skynet.be/mauriceandre/

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