lundi 20 juillet 2020

Metsamor ou l'autre guerre atomique.


La menace publique aussi inouïe que suicidaire de bombarder la centrale atomique de Metsamor en Arménie proférée (par la voix de son attaché de presse) par le ministre de la défense de l’Azerbaïdjan, pays non aligné, ne laisse pas d’inquiéter en ce qu’elle préfigure. C’est, on ne peut se tromper, une déclaration de guerre totale (pour une querelle de pipeline avec l’Arménie) envers l’entière communauté internationale. Si elle était mise à exécution, elle porterait à des représailles atomiques immédiates contre Bakou voire ses alliés. N’en doutons pas un instant. Attaquer une centrale atomique n'est pas un droit de l'homme mais un crime contre l'humanité. La capitale de l’Azerbaïdjan subirait pour cela même très probablement à mode de réponse « graduée » des explosions atomiques intentionnellement basses afin de contaminer définitivement les lieux et empêcher de reconstruire là pour des millénaires. Mais plus en général ces déclarations insensées sont également malgré elles l’expression d’une incontournable vérité d’état-major qui met fin au mythe de l’atome de la paix et ouvre le vase de Pandore de l’autre dissuasion.

Toute installation atomique est de fait une arme de destruction de masse par destination. Les réacteurs de production ou de recherche, les centres de retraitement et de gestion des déchets sont les indiscutables vecteurs d’une dissuasion sale promotrice d’extinction génétique générale. Ces poudrières remplies d’agents radiotoxiques pulvérisables sont de fait capables d’empoisonner à jamais les territoires par retombée. Pour les plus performants d’entre eux, c’est une simple affaire de dépôt de quelques milligrammes par km2. Et c’est par dizaines de kg qu’on les trouve mêlés à d’autres dans chacun de ces édifices. Autrement superpuissantes, toutes ces innombrables zones interdites contingentes éparpillées dans le monde s’affichent fièrement comme cibles stratégiques de dispersion radiologique et s’offrent à n’importe quel feu ennemi ou à n’importe quel cataclysme naturel.  (Le manteau terrestre basculant des pôles aux équateurs tous les 6000 ans, la renaissance écologique sur terre est d’ores et déjà dramatiquement compromise. Notre civilisation de la science sans conscience pourrait bien être la dernière, la véritable der des ders... Nos dépotoirs ont en effet assez de rebuts radioactifs pour réduire entièrement à zone interdite une superficie jusqu’à 10 fois plus grande que notre planète.)

Note, provisoirement, heureuse du 21 juillet.  Marche arrière des "azers". Mais les dés de  la dissuasion autre sont publiquement lancés. Les doctrines en la matière sont amplement à revoir.  Les bombes atomiques risquent de ne plus servir au final qu'à protéger des menaces asymétriques les centrales atomiques, ces crimes confinés mais déconfinables contre l'humanité.
Atom for peace is good for war. Voilà hélas bien la seule et la plus tragique des leçons à tirer.

Post Scriptum. Nous invitons nos visiteurs à la lecture du précieux ouvrage géologique de Thomas Chan The Adam And Eve Story: The History of Cataclysms.


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