A Pascal
Delagausie, au bon souvenir des temps heureux.
Depuis presque
3 mois aux portes de Los Angeles en Californie plus de 1000 tonnes par jour d’émanations
toxiques de gaz naturel surgissent sans retenue des entrailles d’un gisement autant
exploité que négligé. D’épaisses fumées noires, visqueuses et malodorantes d’additifs
artificiels d’alerte s’élèvent des sommets des monts pour redescendre ensuite vers
la vallée de San Fernando. Benzène, méthane
et une radioactivité
naturelle radonifère surabondante envahissent l’atmosphère et intoxiquent
les poumons de millions de personnes. De très nombreux animaux domestiques sont
déjà morts et de nombreuses personnes de tous âges sont tombées malades. La population
locale de la petite ville de Porter Ranch située au flanc du gisement vient d’être
tardivement évacuée après que médecins et voix
notamment anti-nucléaires l’ont des mois durant longuement réclamée.
Personne ne sait quand la fuite qui semble sourdre de différentes fractures
pourra être colmatée ni si on pourra le faire avant que les colossales réserves
souterraines ne s’évaporent intégralement dans les airs. Personne ne sait non
plus combien de radioactivité s’échappe de là car aucune autorité ne semble
avoir encore pris la peine d’effectuer des mesures ou en tout cas de les
publier ne serait-ce que pour rassurer. Qui fréquente autant le sujet que l’énorme
littérature consacrée aux dangers sanitaires du radon et de ces descendants à l’équilibre
fatal sait pourtant que les périls sont très graves car les fuites pourraient
être absolument disproportionnées.
Des documents techniques des industries
du gaz signalent en effet que le radon issu de la chaîne de décroissance de l’uranium
238 (Rn222) peut se trouver à des inquiétantes teneurs allant jusqu’à
200000 Bq par mètre cube de gaz. Ceci implique que compte tenu, d’une part, de la
co-présence du radon de la chaîne de désintégration de l’uranium 235 (Rn219)
ainsi que du radon provenant de la chaîne du Thorium 232 (Rn220) et,
d’autre part, des descendants à l’équilibre de chacun de ces radons que cette
activité du radon 222 doive être multipliée par 11 pour correctement rendre
compte de la radioactivité minimale libérée. (Minimale car les gaz contiennent
également du plomb (Pb210) et des radiums radioactifs (Ra226 précurseur du Rn222;
Ra223 précurseur du Rn219, Ra224 précurseur du
Rn220) qui bien que normalement en moindre teneur dans les gaz
naturels représentent un très haut apport en termes de toxicité.)
Autrement
dit, dans une condition d'équilibre au sein de chacune des 3 sous-chaines
radonifères naturelles de l'U238, de l'U235 et du Th232
qui comportent 5 radioéléments chacune, l'activité globale émise par ces 3
sous-chaines radioactives naturelles correspond à 11,1 fois l'activité du Rn222.
Une activité de 200 KBq (5,41 μCi) de radon 222 par m3 d'effluents
gazeux suppose par conséquent une activité globale de 2,21 MBq par m3 (59,86 μCi).
En
80 jours d'émanations visqueuses et gazeuses à un rythme effréné de 1,7 million
de m3 par jour (1115 tonnes par jour à un taux de 46 tonnes par
heure s'échappent du sous-sol), 136 millions de m3 de gaz naturel se
sont dispersés dans l'air en ayant pu porter avec eux 301,24 TBq (3,01E14 Bq)
soit 8,14 KCi de radioactivité naturelle pour une émanation respirable de 12,06
millions de Sievert soit un équivalent de 2,41 millions de doses létales
potentielles par inhalation aux dires mêmes des coefficients de dose de l’ICRP.
Où sont les mesures radiologiques qui
démentent de façon cinglante ce « worst case scenario » ?
Post scriptum. Si la fuite, comme il a été maintenant prospecté, était en fait 3 fois
supérieure soit de 5,1 millions de m3 d’effluents par jour (3346 tonnes par jour),
alors pour cette même teneur hypothétique par mètre cube de radon 222 les radioéléments
naturels contenus dans le gaz souterrain fuiraient à un taux de 130,75 MBq
(3,53 mCi) par seconde, de 470,69 GBq (12,72 Ci) par heure, de 11,30 TBq
(305,31 Ci) par jour pour une excursion en 90 jours de 1,02 PBq (27,48 KCi)
soit une dispersion de 40,7 millions de Sievert qui représentent un potentiel
de 8,14 millions de doses létales par inhalation.
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