S’il est
indéniable qu’une retombée au sol qui suit de quelques heures l’explosion d’une
bombe atomique est propice à causer des irradiations aigües durant quelques
jours plus que ne l’est la retombée d’une centrale atomique en ruine, il est
tout aussi indéniable que les retombées d’un réacteur endommagé causent un
nombre considérablement plus élevé de victimes différées pour la simple raison
qu’il libère une masse de produits de fission « durables » bien plus
importante et bien plus toxique que ne le fait une seule bombe et contamine aussi
plus pesamment un territoire beaucoup plus vaste. Que cela soit dit
clairement, Tchernobyl a éparpillé au moins 24,6 kilogrammes de Césium 137 alors
qu’un dispositif au plutonium de 22 kt en dissémine 47,6 grammes. Tchernobyl
a dispersé en particules fines plus de 16 kilogrammes de plutonium 239 alors
qu’un dispositif avec un rendement de fission de 10% en abandonne 11 kg dans la
nature. (Les bombes ne fonctionnent qu’en surcharge proportionnelle au rendement de fission et gâchent beaucoup de
marchandise. C’est la raison pour laquelle elles ont diffusé 50 tonnes de nanoparticules de plutonium
« non consommé » au cours de ces guerres du fallout que furent les
essais.) Ne compter que les quelques centaines de victimes précoces des
irradiations aigües de chacune est en cela faire preuve d’une malfaisance
satanique et d’un engouement sans pareil pour la falsification et la mort car
cela revient à cracher un fiel abject sur les innombrables liquidateurs prématurément disparus à qui nous devons la vie et à gommer les millions et les millions de victimes anonymes
avérées, programmées et calculées de cette tragédie nucléaire sans fin.
Cela se sait
pourtant. Un réacteur atomique fissionne continument un peu et accumule chaque
jour plus de produits de fission « durables ». Un réacteur épargne et
en somme grossit sans relâche son capital toxique séculier. En revanche, une
bombe fissionne instantanément beaucoup mais sans jamais rien accumuler. C’est
la raison pour laquelle les retombées de l’une et de l’autre si elles sont pour
l’ensemble faites des mêmes radioéléments ne le sont toutefois pas du tout dans
les mêmes proportions et n’ont par conséquent pas la même radiotoxicité
« durable » qui est bien entendu la plus dangereuse car elle agit sur
des siècles et des siècles. Comparer l’une à l’autre est donc déjà en soi un
exercice un peu hasardeux, qui plus est ne prendre en compte que les victimes
des irradiations aigües de l’une et de l’autre pour en confronter la
dangerosité est une criminelle escroquerie dont le but ultime est l’occultation
des millions de victimes différées de cette tragédie nucléaire moderne civile
et militaire.
Post scriptum Cs137 par kt pour une charge au Pu239
1,444E+23 at./kt *
6,58% Rdf = 9,50E21 atomes de Cs137 * 7,312E-10 λ = 6,947E12 Bq/kt
soit 6,95 TBq ou 187,82 Ci/kt pour 2,16 gr/kt
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