vendredi 18 octobre 2013

Apocalypse hier.


Faut-il vraiment craindre l’effondrement des édifices qui accueillent les piscines N°3 et N°4 à Fukushima-Daïchii ? Non que ces bâtisses instables et écorchées ne soient sur le point de s’effondrer mais parce qu’il importe en fait peu si elles s’effondrent, et elles le feront, ou non. La catastrophe a déjà eu lieu

Selon rien de moins que la NRC ces masures décapitées seraient en réalité vides de déchets atomiques, ou presque, depuis belle lurette. Le contenu de leurs piscines de suite sans murs ou sans étanchéité, sans refroidissement, sans eau, critiques, en feu et en fonte comme neige au soleil levant serait parti en l’air, entier pour la 4, au moins à moitié pour la 3 et à un quart pour l’unité 2 (réacteur et piscine), notamment lors des explosions pour aller se nicher dans bien des poumons négationnistes haut placés. C’est en tout cas bien ce que la commission nucléaire américaine avance dans son scénario catastrophé qui va même au-delà de l’AIPRI qui à défaut de satellites, avions renifleurs, images infrarouge, radars météo et autres diableries high-tech de mesure se bornait à pointer un modeste lâcher d’effluents à Fukushima égal au fallout atomique militaire mondial de fission (190 Mt) et, pour fixer un repère radiologique, qui s’en tenait à une montée aux cieux de un peu moins de 390 kg de Césium 137. (Topcon dit 4,7 kg.)  Bardée de contacts directs avec le Japon, d’instruments d’analyse et de brain storming la NRC va un peu plus loin dans le dead end : 1,4 fois les « essais » atomiques de fission soit de facto 508 kg de Cs137 seraient allés dès 2011 en « excursion aérienne » à Fukushima (20000 Hiroshima, 20 Tchernobyl[1]). Inquiète elle « repère » plus de 400 tonnes de substance noire volage,  qu’elle renomme ailleurs « perte d’inventaire » dans sa bienséante litote destinée aux mortels, contenant entre autre, physique oblige, au moins 2 tonnes de plutonium 239 et avance, sans piper mot of course, qu’un équivalent ICRP de 593 milliards de doses létales potentielles par inhalation et de longue durée et 37 milliards de doses létales par ingestion (les poissons pacifiques les apprécient merci) a là filé à la japonaise à Fukushima-Daïchii.  

La NRC aurait-elle tout faux (ce qui nous satisferait au plus haut point) ? Adressez-vous à la NRC. Avez-vous personnellement visionné les « piscines » 2, 3 et 4 garantissant que leurs cloisons sont intactes et que tout le combustible est là intègre ? Montrez les preuves (que vous soyez encore vivant en serait une). Vous préférez les négationnistes ? Lisez la presse. Mais en attendant priez. L’apocalypse c’était hier et non demain. On baigne dedans depuis plus de deux ans et demi même s’il faudra attendre que les édifices ne s’affaissent brutalement avant qu’on ne nous le fasse savoir.
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Les choses tiennent en peu de mots. Les voici. (D’autres sont ici -que "Hatrick Penry" qui a débusqué à nouveau le lièvre soit remercié-, ici ou ici consultables). La suite, simple réécriture du même, suit logiquement.



A Fukushima, selon la NRC, 118 tonnes de carburant actif irradié autour de 25 GwJ/t (dont 94 tonnes en maintenance et au repos depuis 3 mois dans la piscine de refroidissement n°4) et 298 tonnes de carburant éteint comburé à 42 GwJ/t pour un total de 416 tonnes (carburant neuf non compris) auraient été catapultées dans l'atmosphère : 358 millions de Curie longue vie. Pas moins de 2 tonnes de plutonium 239, presque autant d’uranium 236, 73 kg de plutonium 238 (140 milliards de doses létales potentielles),  944 kg de plutonium 240, 360 kg de plutonium 241,  85 kg de plutonium 242, 191 kg d’Américium 241 (190 milliards de doses létales potentielles), 8,5 kg de Curium 244 (127 milliards de doses létales potentielles), 229 kg de Sr90, 508 kg de Cs137, etc. se seraient ainsi éparpillés dans l'air. A elle seule la piscine N°4 aurait libéré dans l'atmosphère 323 tonnes de combustible  si, comme le suppose la NRC, 100% de son contenu s'est volatilisé.  

Pour mémoire signalons que l’unité 2 contenait 94 tonnes de carburant dans le réacteur et dans sa piscine 101 tonnes de carburant éteint plus 5 tonnes de carburant neuf. Que la piscine N°3 détenait 88 tonnes de combustible éteint et 9 tonnes de combustible neuf, que la piscine N°4 abritait 229 tonnes de carburant éteint, 94 tonnes de carburant « réacteur » et 35 tonnes de carburant neuf.

(NB. Que qui souhaite recevoir la table excel de l’activité et de la masse des produits principaux contenus dans ces scories nous laisse son email qui ne sera pas publié.)

POST SCRIPTUM. POURQUOI AUCUNE IMAGE DE L'EXPLOSION DE L'EDIFICE N°4 NE COMPARAIT-ELLE NULLE PART ? 




[1] Hiroshima : 25,2 gr de Cs137 produits pour 13 kt, environ 3,6% de la masse fissionnée de l’engin. Tchernobyl : environ 25 kg de Cs137 relâchés sur les 82 kg et quelque contenus dans le réacteur. Quand aux 2 tonnes de plutonium, il y avait là de quoi fabriquer, à 6 kg la pièce, 333 Nagasaki.

jeudi 10 octobre 2013

A votre santé.


Les adjectifs péjoratifs font défaut pour décrire à sa juste horreur la dimension planétaire de la catastrophe atomique en acte de Fukushima. Des milliards d’êtres humains et des milliards d’animaux en ont en effet respiré les miasmes radiotoxiques éparpillés dans l’atmosphère et du reste toujours en suspension pour une bonne part. Qui plus est des centaines de millions de personnes chaque jour reçoivent partout dans le monde leur dose d’irradiation artificielle complémentaire portée par leur véhicule, leur écran d’ordinateur beau à croquer, leur appareil photo, leur téléphone mobile qui expédie les gamma directement au cerveau et de toutes ces autres marchandises made in Japan marquées par le fallout radioactif nanoparticulaire. Autant se nourrissent chaque jour des fruits de plus en plus contaminés de la mer, mâchent des bonbons à la gomme radioactive, s'abreuvent de boissons impures et se maquillent de crèmes empoisonnées made in Japan.


Les insouciantes instances mondiales de distraction de masse font fi de cette réalité et s’emploient à dénier de leur mieux la pandémie qui se prépare et qui les attend elles aussi partout sur la planète. Elles se gardent bien de sonner l’impérative alerte et continuent tout au contraire de pousser consommateurs, touristes et sportifs vers ce démocratique camp de concentration atomique à l’air libre qu’est devenu une bonne partie du Japon. Le déni de la réalité radiologique n’annule pas la réalité radiologique. A votre santé.

Fukushima Farmer: Plutonium was detected “all over” village — Professor: “Something terrible, dreadful is happening” — Mayor: Please don’t tell this to the residents 


namie1009_40

samedi 5 octobre 2013

Le Tellure 132 de Fukushima.

Te132; Bp: 988 °C; Rdf U235: 4,28%; T1/2: 3,204 d; Ci/gr: 308740,76; 730,10 gr; 8,34E18 Bq; Sv/Bq Inhal: 1,80E-9; Ld inhal: 3 milliards; Sv/Bq Ingest: 3,70E-9; Ld ingest: 6,17 milliards.

Dans les 257 tonnes coriumisées 1, 2 & 3 de Fukushima le Tellure 132 développait une activité radiologique de 8,34E18 Bq (8,34 EBq soit 225,4 millions de Curie) portée par une masse de 730,1 gr et comptait pour environ 0,696% de l'activité radioactive globale à t0. Ses 3 milliards de doses létales potentielles par inhalation comptaient également pour 0,952% de la radiotoxicité globale par inhalation et ses 6,17 milliards de doses létales potentielles par ingestion comptaient pour 2,499% de la radiotoxicité globale par ingestion.

D’après le « rapport officiel » nippon soumis à l'AIEA seulement 0,00905% du Te132 de l'inventaire  s'est échappé dans l'atmosphère, soit 7,54E14 Bq. (C’est le nombre que l’on obtient en sommant les données présentées pour les 3 réacteurs en ruine et si notre somme est légèrement inférieure de la somme TOPCON (merci R. S.) c’est simplement parce que celle-ci ne sait pas additionner.) Il est bien connu que tout élément dont le point d’ébullition est de 988 °C, cas du Tellure, qui se trouve plongé dans une lave métallique atteignant plus de 2000 °C y reste farouchement accroché bien au chaud. Il n’est pas question pour lui de vaporiser exagérément et de beaucoup prendre le chemin des airs par béances et cheminées  même si la piscine torique conçue pour « aspirer » les vapeurs radioactives en cas d’accident est torride, voire à sec, faute que les pompes, en panne funèbre, ne l’alimentent en eau froide. Du reste, personne ne l’ignore, le corium surchauffé s’imperméabilise au pourtour et confine les vapeurs qui se forment en son sein !  Les chambres de suppression, objets inutiles, sont, avouons le, là pour amuser la galerie et engranger des pots-de-yens.


Bref la logique physique tout autant que le plus simple bon sens laisse entendre que le  taux d'excursion du Te132 a été à Fukushima au moins du même ordre qu’il ne le fût à Tchernobyl. Il nous faut pour autant, hélas, réitérer que 43% de cet élément à savoir 3,59E18 Bq se soit échappé par les airs à Fukushima et abattu sur les populations 2 fois plus qu’à Tchernobyl.  


NB. Après 1 jour de décroissance l’ensemble des isotopes résiduels de Tellure, dont le Te125m, Te127m, Te127, Te129m, Te131m & Te132 ont une activité radioactive de 218,6 millions de Ci correspondant à 3,19% de la radioactivité globale résiduelle. Leur radiotoxicité par inhalation s'élève, d’après l’ICRP, à 2,71 milliards de Ld et équivaut à 1,04% de la radiotoxicité globale par inhalation. Leur radiotoxicité par ingestion est, toujours selon l'ICRP, de 5,61 milliards de Ld et équivaut à 4,2% de la radiotoxicité globale par ingestion. Le Te132 n'est donc bien évidemment pas le seul Tellure en excursion.