mercredi 23 mai 2012

L’AIEA déménage à Tchernobyl.


L’AIEA quitte Vienne pour la région de Tchernobyl. Devant le refus obstiné de l’Autriche d’épouser l’électronucléaire et lasse des perfides accusations à peine voilées de double langage et de lâcheté parce que siégeant loin des aires densément contaminées pourtant réputées peu dangereuses, l’AIEA unanime défend avec force sa crédibilité scientifique et, à mode de preuve, décide de transférer son assemblée, ses bureaux, ses laboratoires et son personnel dans cette région objectivement contaminée sans conséquences.
Tous les instituts nucléaires d’Europe ont été solennellement conviés à la suivre avec armes et bagages. L’initiative a d’ores et déjà emporté l’adhésion enthousiaste de l’IRSN, du CEA, de l’ARPA, de NUCLEONICA et de bien d’autres innombrables organisations encore. (L'OMS sera à sa pressante demande déplacée, elle, à Fukushima.)  Une technopole atomique transnationale se lève en somme à l’est de Tchernobyl sur une aire qui, cédée pour 1 Euro symbolique par l’Ukraine durant une émouvante cérémonie ô combien historique, passe sous souveraineté territoriale de l’Union Européenne qui, de source accréditée, envisage d’y transférer à terme, dans environ 50 milliards d’années, ses parlements.
En délocalisant leurs rayonnantes activités là où bientôt seront organisées des visites touristiques à l’occasion de l’Euro 2012, les plénipotentiaires de l’AIEA ont pris la sage et scientifique décision de mettre en jeu leur propre vie personnelle afin de falsifier sans appel l’effet de proximité et de démontrer l’innocuité certaine des faibles doses.  «Avec notre présence la zone deviendra l’emblème irréfutable de la salubrité et ceci mettra fin définitive aux sarcasmes sur le péril sans seuil entre autre de la contamination radioactive interne par les émetteurs alpha», souligne sibyllin le directeur scientifique «bien que nous ayons peu de mérite à nous y déplacer puisque nous savons parfaitement qu’il n’y a aucun risque  radiologique sérieux même si sur place nous nous gaverons tous fatalement de radionucléides» ajoute t-il à la cantonade avec humour et modestie.
Ces mêmes représentants et ces mêmes savants qui aujourd’hui discutent et rédigent les rapports objectifs sur la quantité de Bq artificiels par mètre cube d’air, par kilo sec ou humide de terre, de salade, de truite, de bœuf et d’homme ou par tonne de forêt de Tchernobyl, ces représentants et ces mêmes savants demain  se nourriront, boiront et se chaufferont ainsi aux mêmes inoffensifs nucléides artificiels et à la même radiotoxicité redoublée (Am241, U234, U236, etc. sont des descendants beaucoup plus radiotoxiques que leurs géniteurs… La radioactivité baisse mais la radiotoxicité augmente !)  que les populations locales qui jouissent depuis 1986 d’un significatif regain de santé. Celles-ci profitent dorénavant d’une longévité si exceptionnelle que, faute de patients, d’entiers services oncologiques ont dû se reconvertir à la pêche au crabe, que les maladies thyroïdiennes, cardiaques, hématiques, pulmonaires, cérébrales, mentales, gastriques, reproductives, gynécologiques, urologiques, dermatologiques, osseuses, les avortements thérapeutiques et les malformations génétiques ont drastiquement chuté semant le chômage dans les respectives spécialités. 
Les pompes funèbres de l’entière région ont également été frappées de plein fouet par ce sursaut de jouvence et n’inhument désormais, à vil prix, plus que des vieillards pour lesquels les familles déboursent peu. Contraintes par la baisse des recettes à diversifier leurs activités, beaucoup ont, l’âme en berne et l’ADN en forme, dû faire défluer leur jeune personnel mâle vers les banques internationales du sperme. (« Crise des croque-morts mais boom de l’exportation de sperme plutonigène », titrait récemment non sans malice «L’Absinthe», quotidien transfrontalier d’Ukraine et de Biélorussie.)  La faune s’est en outre là ragaillardie si vigoureuse qu’aux frais des généreux  «écologistes pour le nucléaire»  un régiment  de chasseurs assermentés a été recruté à la hâte et pour mettre fin à cette intempestive surpopulation de gibier «qui mine gravement l’équilibre de l’écosystème régional».
Sous la tutelle de la communauté nucléaire internationale un campus concentrationnaire d’excellence formera là également tous les prochains ingénieurs, professeurs et docteurs atomiques occidentaux. Un espace high-tech de presse et de congrès unifié accueillera en outre journalistes, conférenciers et agents atomistes de tous pays. En vue de l’arrivée de l’assemblée, des fonctionnaires et des familles, un novateur plan d’urbanisation avec requalification des milliers de tonnes de matériaux à l’abandon tel que le ciment, le fer, le plomb, le cuivre, etc. qui ont encore échappé à la revalorisation sauvage des ferrailleurs clandestins est en phase de réalisation. Crèches, écoles, installations sportives et récréatives (Tcherno-Disney), centres commerciaux, logements de rang, laboratoire pluridisciplinaire pour un suivi épidémiologique longitudinal au long cours qui apaisera objectivement les craintes, garantiront le confort et le sain développement de leurs enfants, de leur famille et d’eux-mêmes déjà contaminés par ce fallout permanent de nanoparticules radioactives qui, invisible mais bien là en suspension, enveloppe la planète depuis 1945 et vient chaque jour enrichi par les effluents des quelques 480 réacteurs atomiques civils en fonctionnement. (La progéniture des savants, leurs épouses en sont-elles informées ?,  a absorbé autant de plutonium que les enfants suisses nés en 1995 qui en ont, entre autre, dans leurs dents de lait. La radioactivité artificielle disséminée en poussières fines vient immanquablement et démocratiquement à quiconque.)  
Quelques millions de particules de plus incorporées par jour du côté de Tchernobyl ne sauraient donc à l’évidence faire de mal.  Vous le savez mieux que nous puisque, avec diligence, vous avez choisi dorénavant d’y séjourner. Face à un engagement expérimental si noble et si courageux nous nous inclinons au plus bas et saisissons l’occasion pour souhaiter une bonne année 2012 et un bon voyage à tombeaux ouverts à vous et à toutes ces institutions atomiques qui font tant pour la sauvegarde de l’inhumanité.
Votre atome de la paix des cimetières vous attend. Disséminé par votre grâce dans l’entière biosphère, d’une pathogénie inouïe et d’une patience infinie, il vous attend là-bas, il vous attend ici, il vous attend partout. 

Post publié il y a plus d'un an que nous reproduisons en l'honneur de l'OMS qui vient juste de pondre le plus gammé et le plus mensonger des rapports sur Fukushima qui soit. Oyez oyez selon l'OMS moins de 2,5% de l'iode 131 disponible se serait échappé des coriums. 1,3E17 Bq sur les 5,8E18 présents. (page 88) Note du 24 mai. Sous réserve de vérification et de confirmation. Le communiqué de presse de la Tepco de ce jour dément le Yomiuri 1,3E16 Bq de Cs137 et non pas 3,6E17 Bq.  Nous laisserons la question en suspens. Le Yomiuri Shimbum affirme de manière indirecte que selon la TEPCO 85% du Cs137 des 3 réacteurs a fui dans l'environnement ! (Mais seulement 2,8% de l'Iode 131 disponible au shutdown, bien plus volatil que le Cs se serait échappé...) 360000 TeraBecquerel de Cs137 à savoir 3,6E17 Bq seraient en vadrouille. 4,23 fois plus qu'à Tchernobyl. Ceci représenterait 112 kg des 131 kg de Cs137 présents dans les 3 coeurs (à supposer que la TEPCO chiffre le césium uniquement en provenance des coeurs et ignore le césium des déchets précipités). 

Aux USA, le nombre de décès imputables à la catastrophe de Fukushima Daiichi est passé de 14 à 22 000 après de nouvelles analyses.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour, merci pour cette mise à jour ; l'info du yomiuri n'est pas - encore - reprise ailleurs sauf vaguement par Kyodo News. Merci également pour les calculs d'inventaires qui simplifient la vie et le travail de non-spécialistes !

Cordialement,
Trifouillax

La terra non ha uscite di emergenza. a dit…

Merci à vous ! En comparant les fractions on note des incohérences sur le plan physique qui laisse douter de la qualité des données d'excursion avancées dans le rapport à l'AIEA. (En proportion plus de Cs que d'iode dans les effluents, chaque isotope du tellure, du strontium, du plutonium a un taux d'excursion totalement différent des autres membres de son espèce chimique. C'est l'anarchie totale des chiffres ! Tout cela nous semble très mal ficelé.) Au demeurant, aujourd'hui la Tepco semble avoir néanmoins revu à la hausse le I131 qui passe de 2,7% à un peu plus de 8% de notre inventaire au shutdown (calculé avec 2028 Mwé). Mais la question reste entière: comment si peu d'iode a-t-il pu s'échapper du corium ?

La terra non ha uscite di emergenza. a dit…

NB. Dans le rapport à l'AIEA de l'an passé le total des effluents estimés est environ de 1,12E19 Bq soit 11,2 millions de teraBq ou 11200 Peta Bq à savoir 303 millions de Curie.